Dans une roseraie centenaire, aux mille couleurs et mille odeurs, se trouvait un vieillard. Un jour, un homme vint à sa rencontre pour connaître les secrets de ses magnifiques roses. Le vieil homme occupé à la taille des rosiers était concentré.
L’homme lui dit :
– Vous n’avez pas peur des épines ?
Il répondit :
– Avoir peur de ce qui est m’empêcherait de voir les fleurs éclore ?
L’homme vit alors que le vieillard était sage et s’assit près de lui. Il lui demanda :
– Que savez-vous pour un homme comme moi qui vient vous voir ?
– Pour tous j’ai quatre clés à transmettre, des clés de vie. Voici la première. Apprécie l’instant. Chaque instant est éphémère et la beauté qui s’en dégage est comme une précieuse floraison qu’il faut observer et chérir.
Dans la nature, les plantes poussent sous le modèle du S. Le départ est lent, la croissance rapide, puis la plante se stabilise.
Chacune de nos actions est comme une plante qui s’épanouit et dont il faut prendre soin. Accélérer les choses, rechercher la vitesse n’apportent pas la satisfaction.
L’homme lui déclara :
– Mais il n’y a que la vitesse qui garantisse l’avenir.
Le vieil homme lui sourit et répondit :
– Il te faut te réjouir de la simplicité. Apprécier la lenteur est un long exercice qui se nourrit de la joie trouvée dans les petites choses. Chaque action, objet, sujet possède sa beauté à révéler.
Quand le regard se tourne vers cette beauté, un sentiment de contentement, simple mais profond, fait son apparition et chasse les nuages du quotidien.
– Mais si l’on est empêché ?
Après un silence, le vieillard ajouta :
– Il te faut t’ouvrir à la rencontre. La rencontre avec un événement, une personne, une situation, non pas voulue, mais spontanée, se fait dans cette sérénité de l’instant présent. S’ouvrir à la rencontre, aux bienfaits du présent, c’est s’ancrer dans cette dynamique juste et bienveillante pour soi-même. C’est la troisième clé.
– Et si tout est bloqué ?
Le vieillard lui dit :
– Il faut espérer l’équilibre. L’équilibre naturel est une harmonie du quotidien, un manque se transforme en abondance, une abondance s’entretient. À l’image du jardin, les récoltes sont différentes chaque année et ce qui ne pousse pas un jour peut pousser un autre. Se satisfaire de ce qui est, est suffisant. Retourne au monde avec ces clés et la tristesse ne sera plus ta compagnonne de route.
L’homme se leva et il partit, apaisé et heureux.
Fin