Dans la forêt silencieuse, la neige sur les branches de sapin fait scintiller la nuit. C’est comme si les étoiles du ciel étaient descendues pour donner à la Terre leurs lumières et faisaient briller le sol et les plantes. Toute cette blancheur éclaire les sous-bois avec magie. Cette nuit, les animaux de la forêt se sont donné rendez-vous pour célébrer Noël.
Chacun est venu avec de la nourriture. Les cerfs ont fait des pâtés de mousses et de glands, les écureuils ont cuisiné des tartelettes aux noisettes. Les blaireaux, eux, ont fait un ragoût de racines. Les lapins ont amené des salades de feuilles. Les sangliers ont apporté des truffes et des pommes de terre et tous les oiseaux ont fait de grands tas de fruits rouges.
C’est un immense festin qui se déroule dans la clairière. Tout le monde se régale, rit et partage un peu de ses provisions d’hiver. Lors de cette nuit si spéciale et si douce, il existe une tradition ancienne chez les animaux de la forêt. Chacun doit raconter une histoire personnelle, une histoire qui l’a touché dans l’année.
Le premier à se lancer est un des écureuils. Il se perche sur une souche et dit :
-
– C’était au début de l’automne. Je vois un petit humain, avec une veste jaune tournesol qui se baisse pour ramasser des noisettes entre les feuilles. Il grattait la terre avec un bâton. Je pensais qu’il allait me prendre tous mes fruits. Mais en l’observant de ma branche, je remarquai qu’il faisait des allers-retours. Il faisait un petit tas de noisettes au pied de mon arbre. Cet adorable petit cœur avait dû m’apercevoir plus tôt. Puis, sa maman l’a appelé et il est parti. Ce petit humain m’a fait ma réserve de noisette pour l’hiver en un après-midi et me l’a livré chez moi.
Puis, c’est au tour du rouge-gorge qui sautille dans la neige de raconter son histoire.
-
– Avec mon mari, nous ne savions pas où construire notre nid, car les bosquets dans les champs avaient été coupés. Au printemps, pas de maison, nous commençons à nous inquiéter. Nous en parlons avec notre amie la mésange, elle nous indique un endroit. Nous décidons de nous y rendre. Et, au nom d’une plume bleue, nous trouvons un immense jardin avec des légumes, des herbes, des haies et de grands arbres. Sauvés, nous avons pu y construire notre nid et nourrir nos enfants.
Tout le monde écoute attentivement chaque histoire avec de grands sourires et des « oooww » d’admiration.
C’est l’un des lapins avec sa queue en pompon, qui se dresse maintenant sur ses deux pattes arrière. Il commence :
-
– Au printemps, il faisait déjà une chaleur étouffante. Dans les terriers, nous ne pouvions plus respirer et il n’y avait plus d’ombre sans les hautes herbes. Dans la prairie, les fleurs ne poussaient plus, les abeilles étaient absentes. Un apiculteur avec l’un de ses amis a installé des ruches à la lisière du bois. Ils ont semé des graines un peu partout en chantant gaiement tous les matins. Les fleurs ont poussé en été en mettant des couleurs partout et les abeilles les ont butinées. Maintenant, nous trouvons de grandes herbes, de l’ombre, de la nourriture et plein de voisins forts sympathiques.
Un petit mulot qui était là sur la neige s’écrie avec une voix très claire, en frissonnant en même temps :
-
– Ah l’été ! Temps des petites graines délicieuses. Bientôt, il reviendra.
Un blaireau le regarde et lui tend la patte.
-
– Tiens mulot, quelques graines d’avoine de mon grenier.
Le sanglier veut lui aussi raconter son histoire, il commence tout bougon.
-
– Nous, personne ne nous aime. Les humains ferment leurs jardins car nous mangeons tout. Mais nous avons toujours faim comme le dit mon cousin. Des marcassins, cela mange énormément de vers de terre. Alors nous avons trouvé une solution en faisant une réunion avec le conseil des grands cochons sauvages. Je vous en parlerai la prochaine fois, car c’est top secret.
L’un des derniers animaux à prendre la parole est la mère renarde. Elle ouvre ses yeux plissés de ruse et raconte doucement.
-
– Un de mes renardeaux s’est perdu cet automne dans les grands champs de terre nue. Je ne le voyais plus avec la couleur des feuilles. Les chiens aboyaient dans tous les sens, il a eu peur et s’est enfui. Fort heureusement, une petite fille du village voisin l’a recueilli le soir quand la nuit fut tombée. Elle lui a donné à manger, l’a apprivoisé et l’a enveloppé dans une couverture chaude pour le réconforter. Ils se sont ensuite dit au revoir et j’ai retrouvé mon renardeau en pleine forme. Je remercie cette petite fille.
Quand tout le monde a fini son histoire et bien mangé, le Roi de la forêt, le grand cerf déclare avant le lever du soleil.
-
– Mes chers amis, merci pour tous vos récits, cette année a été belle pour nous toutes et tous. Soyons reconnaissants envers la nature abondante qui nous protège et nous nourrit. Beaucoup d’humains sont bons, car ils nous aident, les enfants particulièrement. Ils seront sûrement plus nombreux l’année prochaine, ils savent que nous existons. Si nous habitons, ensemble, alors nous serons toujours heureux.
Après ces mots, tous les animaux se parlent, satisfaits et joyeux. Ils rentrent tous à la maison, bien au chaud, après une nuit féerique. Tous vont s’endormir, en espérant trouver au réveil un cadeau devant leur terrier.
FIN