L’abeille, messagère féconde de la nature est présente sur terre depuis 120 ou 130 millions d’années. Nous connaissons son rôle central dans la pollinisation de nos cultures et sa domestication au néolithique. En France, 1000 espèces sont représentées, parmi l’une d’elles se trouve l’Apis Mellifera, l’abeille à miel.
Mais que se passe-t-il à l’abri des regards, dans sa ruche, là où elle revient sans cesse pour entretenir une vie en société organisée et stocker miel, pollen et gelée royale ?
Son quotidien et ses travaux s’articulent d’une manière bien précise, nous allons tenter de découvrir les secrets de sa réussite.
TROIS ACTEURS FONDAMENTAUX
Dans une colonie en bonne santé de 50 000 individus adultes et 35 000 bébés, se trouve une reine nourrie à la gelée royale depuis son enfance. Sont aussi présents, 2000 faux-bourdons environ, issus d’œufs non fécondés, servant uniquement à la reproduction, ainsi qu’une majorité d’ouvrières qui se répartissent les tâches de bon fonctionnement de la ruche.
Une reine à la belle saison peu pondre 2500 œufs par jour, que les ouvrières devront nourrir et choyer pour le bien de la colonie.
Une ouvrière est dirigée par les phéromones dégagées par la reine. La dizaine d’abeilles qui nourrit la reine, lèche le corps royal pour transmettre par trophallaxie, soit par un échange de nourriture par bouche à bouche, les informations nécessaires à l’équilibre de la communauté.
Une ouvrière ne vit que quelques semaines et plus longtemps en hiver, mais elle va successivement accomplir différents travaux. Elle va tout d’abord nettoyer et entretenir les rayons. Puis, elle va être nourrice en prenant soin des larves. Elle va ensuite s’occuper du stockage du miel, de sa fabrication et de l’aération de la ruche. Puis, va devenir gardienne pour défendre l’entrée de la ruche pour finalement finir par en sortir et explorer l’extérieur en butinant le nectar des fleurs procurant l’énergie essentielle à ce petit monde.
Chaque individu de la ruche est donc un maillon de cette vie en communauté.
LA COMMUNICATION CHEZ L’ABEILLE
En 1973, Karl Von Frisch, un éthologue autrichien, reçoit le prix Nobel de physiologie ou médecine, car il parvient à résoudre le mystère de la danse des abeilles. Il met en lumière l’existence d’un code dans la ruche qui prouve que les abeilles communiquent entre elles et s’échangent des informations précises quant à l’emplacement de leur nourriture.
Ce code inné est compris par toutes les butineuses qui doivent se repérer lors de leurs explorations. L’éclaireuse effectue alors une danse à la verticale sur le rayon en forme de huit. Dans cette danse, la rapidité est déterminante, puisque la lenteur relate de l’éloignement de la source de nourriture. Une danse frétillante est preuve au contraire d’une source proche. Les abeilles s’indiquent ainsi la distance et la direction à privilégier pour ne pas se perdre et économiser de l’énergie.
Le mouvement de la danse des abeilles permet de transmettre des messages à la colonie. Quand deux éclaireuses dansent, la communauté compare les informations et détermine quel est l’itinéraire à privilégier.
Ce code est complété par un apprentissage et la découverte de certaines odeurs qui renforcent la précision du message.
LA POLLINISATION, UN CHEMIN PRÉCIS
Une abeille peut s’aventurer de six à dix kilomètres hors de son lieu de vie, ce qui proportionnellement à sa taille est un exploit de la nature.
Pour s’orienter, elle fait appel à plusieurs solutions : l’orientation avec le soleil, les repères observés et mémorisés, l’évaluation des distances avec la vision et la perception de la lumière polarisée. Son minuscule cerveau, comptant 900 000 neurones, bien loin d’un grand singe, lui permet tout de même de résoudre bien des problèmes.
C’est ainsi que l’abeille trace son chemin de la ruche jusqu’à la plante choisie, grâce à sa mémoire à long terme.
Chez l’abeille, il existe le concept de fidélité florale. Cela veut dire que l’abeille va se poser sur des espèces particulières de plantes qu’elle va distinguer par son odorat. Ce qui va conséquemment entraîner une pollinisation des fleurs visitées et faire apparaître une rigueur dans ses nombreuses visites.
Auxiliaire essentielle, l’abeille représente 80 % de la pollinisation des végétaux. Nous ne pouvons nous passer de cette belle messagère à l’organisation finement réglée. Voici pourquoi l’étude de son comportement peut nous éclairer dans notre action de préservation.
« Nous voyons l’abeille se poser sur toutes les plantes et tirer de chacune le meilleur. » Isocrate
Comment préserver les abeilles selon vous ?